D'après Stephen King "Les monstres existent vraiment, les fantômes aussi. Ils vivent en nous, et parfois ils gagnent." Et s'ils gagnaient parfois de la bonne manière ?
Il y a cette fille dont le filtre des affabulations colore le quotidien. Dans ses yeux, le monde se transforme en un ersatz riquiqui, un tapis de jeu sur lequel l'imagination virevolte tel un enfant inventant des scénarios pour ses Playmobils. En massacrant le sol sur lequel elle vivait, elle persiste dans son refus de s’élever spirituellement et propage sa terreur à l’horizontale, transformant le monde en de mornes plaines au gré de ses caprices. Comme l'on briserait une noix, elle a saisit de nombreuses âmes dans le creux de sa lourde main et a serré à en faire éclater les chairs.
Au fond de nous, nous avons tous des longs chemins de cailloux. Sur les épaules, de lourdes larmes de saules. Tout au fond, nous possédons également des sentiers lumineux qui mènent aux matins heureux. Cette force qui nous charrie dans la grisaille de la vie. Cette force, on l'aperçoit dans les fissures de nos chairs éclatées. Les monstres s'en échappent à leur tour. Doucement.
Brise un cœur et c'est tout le corps qui se fêle. Aussi, les monstres qui sommeillent au fond de l'âme se libéreront. Peut-être même que ces monstres, ces fantômes, ces démons, deviendront nos meilleurs alliés. Dès lors, peut-être même que l'individu que tu auras tant désiré briser sera maintenant bien plus heureux. Ou au moins la plupart du temps. Il n'attendra plus rien de personne, car il l'aura bien compris : les attentes sont douloureuses, et la vie est courte. Peut-être même qu'avant de parler, il écoutera véritablement. Avant d'écrire, il réfléchira. Avant de blesser, il considérera l'autre. Avant de détester, il aimera et avant de mourir, il vivra.
Très tard, il me semblait que mes démons étaient mes pires ennemis. Pourtant, tout le monde le sait : les pires ennemis sont tout autour de nous, de chair et de sang. Longtemps, j'ai pleuré. La douleur m'accompagnait chaque matin et mes journées, je les vivais en silence. Un jour, je le savais, ils sortiront ces mots que je retiens.
Non sans peine, car la simple idée m'a longtemps donné le vertige, je sais qu'aujourd'hui, je mourais sans jamais plus croiser ces yeux sournois. C'est difficile d'écrire cela. Mais, au fond, il y en a un paquet de gens qui entrent et sortent de nos vies. Personne n'aime à l'identique, et nous ne sommes pas tous faits pour nous aimer réciproquement. Mes monstres, mes fantômes, mes démons sont bien plus authentiques, bien plus vrais et bien plus riches que certains ne le seront jamais.
Aujourd'hui, je ne pleure plus, mais je m'exalte. De jour en jour, j'avance aux côtés de mes monstres intérieurs, j'apprends à leur côté. Je grandis. Débarrassée de celles et ceux qui n'ont jamais rien eu à m'apporter, et qui ne désirait rien à recevoir de moi, l'équilibre est rétabli. Aujourd'hui, j'éprouve de la reconnaissance pour celles et ceux qui ont tenté de me briser : les fissures ont été révélatrices. Merci. Merci de m'avoir libérée. Sans cela, je n'aurais jamais eu le courage de m'éloigner, de vous quitter. Car je vous aimais.